
Nos Sorcières _boutures
Du 6 mai au 4 juillet 2025
au Théâtre Entrée libre
L'exposition
Nos Sorcières
_boutures
« Il est des fils que l’on tire pour atteindre la douce voix qui fait le terreau de nos mémoires. »
Bénédicte Estripeau engage une relation particulière avec nos souvenirs. Par le fil d’une « œuvre-lien », selon ses mots, l’artiste interroge autour d’elle pour « récolter » les franges de vies qui nous ont marquées.
Tirer le fil pour savoir. Tel est le chemin de Bénédicte Estripeau, artiste spécialisée dans le recueil et l’exploration de témoignages depuis 2018. Elle nous tisse, étend, froisse, brode des mots, pour déployer dans l’espace des tableaux teintés de bleu. Ils se traversent ou se regardent, indifféremment. Mais toujours nous invitent à remettre en mouvement nos propres souvenirs.
« Nos sorcières » est une « œuvre-lien », selon les mots de l’artiste, initiée en 2020 autour, et consacrée aux figures qui orientent. L’artiste récolte, interroge pour réunir le nom et les sensations, souvent primaires, qui nous amènent à pointer, comme une évidence, certaines figures comme pivots ou points d’inspiration dans notre vie.
A chacune des sorcières qui lui sont confiées, elle donne un pouvoir, une place, une importance, organisant ainsi une vaste œuvre protéiforme dont naissent de multiples installations.
Celle que vous allez traverser ici, au Théâtre de Vanves en est le fruit.
« Nos sorcières, boutures » est une invitation qui vient inévitablement résonner avec le caractère scénique du lieu. Mettre en scène, tout est l’enjeu de cet artiste qui ne produit pas d’œuvres inertes ou arrêtées, mais des étapes, à contempler et parcourir.
Pour Bénédicte Estripeau, la sorcière est une chimère à laquelle on aurait confié des pouvoirs intrinsèques. Elle ne le sait pas, ne l’a pas su probablement. Mais avant que l’artiste nous pose la question, nous ne le savions peut-être pas non plus. La sorcière est celle qui marque, qui « guide » nos chemins, selon les dires de l’artiste. Voilà ce qu’elle consacre dans son installation ici au Théâtre de Vanves.
Le vocable de la terre apparaît à de nombreuses reprises dans le travail de Bénédicte Estripeau. Lorsqu’elle collecte des mots et des témoignages, elle parle de récolte. Sans le nommer, elle évoque à de nombreuses reprises, ce qui fait germer une idée, une direction, ce qui permet de puiser dans la transmission, d’un individu à l’autre, des ressources de croissance et d’éclosions. Aujourd’hui au Théâtre de Vanves, l’artiste soumet une œuvre qu’elle appelle « Nos sorcières, boutures », empruntant encore des symboliques de transformation que l’on retrouve dans la reprise de sève d’une passation. Lorsque la plante émet un début, alors séparée de la plante mère, elle produit, selon l’artiste, le même phénomène que ce qui se produit lorsque, ce qu’elle appelle « la sorcière », vient poser une marque.
Les différents tableaux présentés ici, concentrent les images associées, pour Bénédicte, à la naissance d’une direction. Autour de sa robe, présence incarnant « les sorcières », elle produit l’impact par le « petit bleu ». Un élément que l’on retrouve fréquemment dans « Nos sorcières » et qui symbolise le nid, l’écrin où l’on va à la fois déposer le nom d’une sorcière mais aussi voir s’ouvrir et germer une idée, une trace, un début de transmission.
Ainsi, le « petit bleu » revient et ponctue les différentes manifestations de « l’œuvre-lien » « Nos sorcières ».
Les branches, elles-aussi à la fois chargées des premières montées de sève et des bourgeons, mais aussi associées à cette pointe de bleu en laine, forment un tableau qui nous rappelle que cette œuvre n’est pas l’effet d’un individu mais bien un tableau collectif, dont Bénédicte est le témoin.
Le bleu apparaît comme la couleur de l’iris souvent associée à la sorcière. Il est aussi attaché à la terre puisqu’il est, au pastel, produit dans la région qui est chère à l’artiste, le pays de cocagne. L’artiste évoque également « l’heure bleue », entre chien et loup, ainsi que celle ligne qui scinde des espaces, et qu’elle associe à sa couleur ; l’horizon.
Ainsi par le nid, la terre, les bourgeons, la récolte, on en revient à la croissance et à une image écologique de nos relations humaines.
Domitille Bertrand, Commissaire d’exposition indépendante & Formatrice
L'artiste
Bénédicte Estripeau
Passionnée par ce que l’intime raconte d’histoires collectives et tout autant personnelles, Bénédicte crée des univers graphiques et artistiques, organise des installations collectives, des œuvres issues de collectes de mémoires et temps de partage. Son appétit insatiable pour les gestes, qui donnent une forme créative à des éléments de transmission, l’amène à collaborer avec la commissaire d’exposition Domitille Bertrand pour ce qu’elle nomme son « œuvre-lien » ; «Nos sorcières».
Domitille Bertrand
Passionnée par ce que les groupes d’individus permettent de raconter lorsque l’on s’intéresse à chaque histoire personnelle, Domitille collecte des interviews, organise des expositions et aide des initiatives entrepreneuriales à se développer depuis 2010. Sa joie à concevoir des moments interactifs autour de la curiosité que l’on porte à l’autre l’amène à collaborer avec l’artiste Bénédicte Estripeau pour l’oeuvre «Nos sorcières» depuis 2022 en qualité de commissaire d’exposition.